Introduire des espèces issues d’autres latitudes est une habitude ancienne en France. Mais si au XVIème siècle, on tentait de développer ces cultures sur le sol métropolitain, à partir de la fin du règne de Louis XIV ces essais laissent un peu la place à une autre logique : étudier et sélectionner des plantes tropicales en métropole pour permettre le développement agricole des colonies. Il y a aujourd’hui en région parisienne deux lieux qui permettent de rentrer en contact avec cette histoire agronomique : l’un de façon indirecte, l’autre bien plus directement et intensément. On mettra de coté le « Jardin d’acclimatation » dont la fonction de parc d’attraction éclipse ce même lien historique.
Le plus célèbre des ces lieux passeurs d’histoire est le Jardin des Plantes. Lors de la visite des serres, les visiteurs sont accueillis -c’est tout au début de la serre tropicale- par des caféiers et des cacaoyers. Juste devant, une plaque rappelle le rôle du « Jardin du Roi » dans l’acclimatation d’un caféier offert à Louis-le grand et dont les bons soins du botaniste Jussieu permirent la multiplication avant l’envoi dans les Antilles. Mais il ne reste rien des serres en bois de l’époque dont seul un panneau entretien la mémoire.
Les grandes serres du Jardin des plantes : l'héritage de l'acclimatation
Le souvenir de ce passé est bien plus vivant dans un lieu aussi discret qu’étonnant : le jardin d’agronomie tropicale de Vincennes. A l’extrémité du bois et en bordure de la commune de Nogent-sur-Marne, les quelques hectares du parc présentent au promeneur un passé de l’agronomie tout en constituant le cadre d’une recherche bien vivante. Il s’agit au départ d’une annexe du muséum d’histoire naturelle consacrée à l’acclimatation des plantes tropicales pour favoriser l’agriculture d’un empire colonial en pleine expansion en cette fin du XIXème siècle. Caféiers, cacaoyers, vanilles font partie des plantes qui poussent dans les serres construites à partir de l’extrême fin du XIXème siècle.
Le parc va devenir également une vitrine de l’empire en accueillant l’exposition coloniale de 1907. Celle-ci réutilisait quelques pavillons construits pour d’autres expositions et exhibait des populations coloniales dans des zoos humains censés recréer des villages indigènes. Les guerres qui ont suivi ont fait du parc un lieu mémoriel parsemé des monuments aux morts honorant les soldats issus des colonies.
Mais une partie de ce patrimoine a souffert du temps et parfois des tempêtes : des pavillons ont dû être détruits, d’autres disparaissent doucement envahis par les bambous.
Quant aux serres anciennes elles sont aujourd’hui mangées par la végétation : un spectacle saisissant mais précaire. L’agronomie tropicale est-elle toujours bien vivante ici : Une partie du parc constitue un campus de recherche et de formation, géré par le CIRAD : le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement fournit des connaissances et des solutions pour un développement durable de l’agriculture, notamment dans les pays en voie de développement. Le campus héberge également une « Cité du développement durable » où de nombreuses organisations coopèrent dans ce domaine. Le jardin porte le nom de René Dumont, célèbre agronome spécialiste de l’agriculture tropicale et pionnier de l’écologie politique , dont la logue vie de travail a suivi les évolutions de la recherche à Vincennes, du développement agricole colonial à la coopération et l’aide au développement.
Pour en savoir plus :
La page sur les grandes serres du site du Jardin des plantes.
Le Jardin d'agronomie tropicale sur le site de la mairie de Paris.
La présentation sur le site de la Cité du développement durable
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