Parmi les coteaux qui entourent la bastide de Rébénacq, une parcelle surprend entre prairies et bosquets : une plantation rectiligne à la hauteur encore modeste. Il ne s’agit ni d’un vignoble ni d’un verger, mais de la mise en culture de deux hectares de bambou agricole. L’espèce plantée, a été une première fois décrite en France sous le nom de bambusa edulis avant de se voir classée dans le genre phylostachys. Mais le nom le plus populaire de ce grand bambou, moso, vient du Japon et il a été choisi par la société italienne qui s’emploie à diffuser cette culture en Europe et même au Etats-Unis.
La société onlymoso propose à ceux qui veulent se lancer dans l’aventure du bambou agricole des plants sélectionnés, un encadrement technique ainsi que l’écoulement et la transformation de la production. Cette solution a séduit très récemment trois exploitants en Béarn. Manon Mounaix à Rébénacq est la pionnière de ce petit groupe. Membre d’une famille d’agriculteurs, elle cherchait une production qui puisse lui laisser du temps libre et qui soit compatible avec sa vie de jeune mère de famille. Au printemps 2021, elle reçoit plus de 3000 plants de jeunes bambous aussitôt installés sur le flanc du coteau.
C’est la grande singularité de sa plantation, l’une des seules en France à être située sur un terrain en pente. Cela permet un bon drainage : le moso, très rustique quand il s’agit de résister au froid, n’apprécie guère l’eau stagnante. Une fois, planté, le bambou va d’abord croitre en sous-sol. C’est au printemps que la pousse aérienne s’effectue et que le paysage change. Il faudra patienter quelques printemps avant la première récolte. Celle-ci est prévue cinq ans après la plantation.
Que récolte-t-on : d’abord le turion, ce jeune bambou qui vient de sortir de terre et qui a valu à cette espèce le nom d’edulis qui signifie comestible. La société italienne a déjà mis au point toute une variété de produits des pousses de bambou cuisinées au pesto en passant par les gressins. Les pousses provenant d’exploitations françaises seront transformées dans l’hexagone. Elles serviront également de matière première à des produits cosmétiques comme des crèmes hydratantes. Quant aux chaumes (les tiges), elles permettent toute une série d’utilisations de la pâte à papier aux matériaux de construction en passant par les fibres textiles en fonction de leur âge.
Pour l’instant, aucune plantation française n’est assez avancée pour être mise en production, mais avec une cinquantaine d’exploitations et plusieurs dizaines qui devraient s’y ajouter rapidement, le bambou est bien rentré dans le paysage agricole français.
Pour en savoir plus : https://onlymoso.fr/
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