Légèrement en retrait de l’animation de la côte des Pyrénées-Orientales, les terres planes et sableuses entre l’Agly et la Têt constituent un terrain d’excellence pour les aventures agricoles des paysans du Roussillon qui les ont transformé en un merveilleux jardin horticole. Mais c’est une terre d’expérimentation également, du fait de la présence à Toreilles de la SICA Centrex. Crée au départ pour soutenir la culture de l’abricotier, la station s’est diversifiée à la demande des maraichers locaux vers des essais sur les légumes, de la salade à la patate douce. L’introduction de cette dernière correspond à une demande de diversification mais aussi d’allongement des rotations pour les cultures maraîchères. Outre les études effectuées sur les 24 hectares de la station, Centrex effectue des tests chez les cultivateurs, dans les conditions réelles de production. Comme dans les autres stations, Torreilles dégrossit le travail d’une culture pour que les producteurs soient guidés, grâce aux itinéraires techniques fournis à la suite des tests.
Les grenadiers : essais variétaux et crash-test
Dans les parcelles de la station consacrée à l’arboriculture, on croise bien sur des abricotiers, des pêchers et même des amandiers, mais un verger attire l’œil : des tâches rouges contrastent avec le feuillage vert : ce sont les belles fleurs allongées du grenadier. Des grenadiers dans la partie méditerranéenne de la France, c’est loin d’être inédit, mais comme bien des cultures qui refont surface aujourd’hui, la production de la grenade s’était effacée au tournant du XXème siècle. Dans un souci de diversification, des producteurs se sont lancés il y a plus de dix ans dans la plantation de cet arbre au fruit symbole de prospérité, de beauté et de bienfaits dans les textes sacrés. A Toreilles, la station a entrepris un essai sur vingt variétés différentes. L’épreuve majeure a été celle du… froid ! Car si le Roussillon est réputé pour son ensoleillement inégalé en métropole et ses étés parfois caniculaires, il peut être frappé de coups de gels aussi rapides que redoutables. Celui de 2018 a permis de distinguer les variétés gélives et non gélives : les vides dans les rangs sont les cicatrices de ce crash-test. En dehors de ce critère vital, les variétés ont été testées et caractérisées quant à leurs rendements et au goût de leurs fruits.
Pour les grenadiers comme pour les patates douces, le temps des essais variétaux est terminé, mais le travail se poursuit avec des tests sanitaires. Il s’agit de vérifier l’efficacité des auxiliaires contre les ravageurs dans le cadre de l’agriculture biologique. Ainsi les patates douces menacées par le taupin vont-elles recevoir l’aide des nématodes, des vers de toute petite taille.
De nouveaux essais en vue
La station se projette vers un avenir agricole en Occitanie toujours marqué par la nécessité de diversification et d’adaptation aux évolutions climatiques, particulièrement sensibles dans le Roussillon. De nouveau essais variétaux sont prévus pour les prochaines années : ils concernent des fruitiers qui intéressent les agriculteurs locaux, certains ayant déjà commencé les plantations : il s’agit des agrumes, des pistachiers et des avocatiers. Dans les jardins du Roussillon, les particuliers se sont rendu compte que non seulement l’avocatier se plaisait bien, mais qu’il pouvait aussi offrir des fruits à maturité. Quelques exploitants se sont même débuté l’aventure de la production, car la perspective de fournir des avocats justes à point sur les marchés locaux est évidemment très intéressante. Mais pour les agrumes comme pour les avocats, il faut lever l’obstacle d’une image de production gourmande en eau et donc vérifier les apports nécessaires. C’est une des missions que se fixe la Sica Centrex dans ce futur programme d’essai.
Un grand merci à Aude Lusetti, responsable expérimentation maraichage et arboriculture à la station pour l’entretien et la visite qui ont permis cet article.
Texte et photos : Marc Lohez
Pour en savoir plus lien vers le site de la Sica Centrex : https://www.centrex66.com/
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