Ce post est un aperçu du hors-série sur les grands camélidés. Une version beta du hors-série sera disponible pour le Salon International de l'Agriculture. Il comprendra une présentation des grands camélidés et de leur présence ancienne en France, une partie consacrée aux activités de loisirs, d'animation et de médiation et enfin une partie sur la production de lait de chamelle. Chaque section sera accompagnée de la présentation de quelque acteurs de ce secteur. Certaines peuvent déjà être consultées dans le dossier préparatoire sur Calaméo.
Il ne faut pas se fier à son physique : une outre haute sur pattes avec un cou démesurément long et cette tête d’acteur de registre comique ; si cette apparence d’extraterrestre du monde animal explique en partie son pouvoir d’attraction, elle habille chez le chameau un athlète de la nature, adapté aux pires milieux steppiques de la planète. Une amplitude thermique exceptionnelle, des ressources en eau limitées ? Qu’à cela ne tienne, on peut oublier les fièvres de cheval, car le dromadaire peut monter à 42° sans que l’on puisse parler de fièvre. Cette capacité est un des éléments qui permettent aux camélidés de lutter contre la déshydratation ; il faut y ajouter un sang abondant, des reins pouvant produire une urine très concentrée, la possibilité de se contenter d’une eau saumâtre entre autres mécanismes d’adaptation. Inversement, ils sont capables de se réhydrater à une vitesse qui mettrait en péril bien des organismes. Cette même efficacité se retrouve dans le système digestif qui permet à ces bêtes de se contenter de fourrages pauvres. Son cou lui permet d’aller chercher sa nourriture aussi bien au sol que dans les branches des arbres ; et les épines en tout genre ne lui coupent même pas l’appétit.
De la Chine au Sahel en passant par l’Asie Centrale et la Péninsule Arabique, les chameaux ont fait vivre et font vivre de nombreuses communautés grâce aux multiples services qu’il peut apporter : : animal de bat de course et même de combat, il offre également une laine à l’isolation exceptionnelle (pour le chameau de Bactriane) et une viande peu grasse.
Il était plusieurs fois....
Animaux des steppes de l’ancien monde, les chameaux sont sortis de leur domaine d’origine : on trouve aujourd’hui des centaines de milliers de dromadaires en Australie et toute une série d’élevages en Amérique du Nord. Pour l’Europe, leur présence est attestée dès l’Empire Romain pour le bât ou même le travail agricole. Mais les chameaux entrent dans l’histoire de France par une scène tragique : Brunehaut, princesse wisigothe devenue reine des francs est exposée sur un chameau avant son exécution en 613. Plus près de nous la ménagerie du jardin des plantes fait l’acquisition de deux dromadaires sous le directoire : ils y sont mis au travail comme animaux de trait pour actionner la pompe. Les chameaux refont surface en tant qu’animaux d’élevage au XIXème siècle. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, professeur au muséum d’histoire naturelle et fondateur de la société zoologique d’acclimatation fait la promotion de l’introduction d’animaux venus d’autres latitudes en France métropolitaine. Et parmi eux, on trouve le dromadaire : Il mentionne deux utilisations agricoles du dromadaire : dans les landes de Gascogne et dans des salines du midi de la France ou il remplace les mulets. Et Geoffroy Saint Hilaire de conclure dans les années 1850: « on doit vivement désirer que cette tentative réussisse (…) et que le dromadaire prenne définitivement rang parmi nos espèces domestiques. »
La suite est plus triste : les grands camélidés du Jardin des Plantes ne vont pas survivre au siège de Paris par les prussiens lors de l’hiver 1870-71. On retrouve du « chameau roti à l’anglaise » au menu du restaurant Voisin, une des grandes tables de la capitale, pour le repas de Noël 1870. Même sort soixante ans plus tard pour ce pauvre dromadaire vendu par son cirque à un maquignon des environs de Dijon. Car entre-temps, les bossus sont devenus des hôtes de choix parmi les animaux de cirque. Hôtes de choix mais guère choyés : un article de l’école émancipée, revue des instituteurs évoque un « dromadaire miteux » venus avec le cirque dans le village. Qu’à cela ne tienne, voilà l’occasion d’une belle leçon de chose : le dromadaire est déjà, en 1931, un médiateur de la nature.
Comentarios