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Photo du rédacteurMarc Lohez

Le Moulin de la Cassadote: et le caviar entra dans le "panier de biens" Aquitain épisode 1


C'est là que tout a commencé il y a près de trente ans, que les premiers grains de caviar ont été produits en 1993: le Moulin de la Cassadote est aujourd'hui un petit producteur de caviar mais reste un repère historique dans la communauté des éleveurs d'esturgeon de Nouvelle Aquitaine, toujours bien présent malgré deux années très difficiles rapellées ici par TVBA




Comme son nom l'indique, la pisciculture de Biganos est un ancien moulin bénéficiant de droits pour détourner une partie l'eau d'un affluent de L'Eyre, le ruisseau de Lacanau: cela permet aux bassins de fonctionner en cycle ouvert: l'eau du ruisseau de Lacanau y circule en continu avant de rejoindre le cours d'eau en aval du Moulin. Outre l'oxygénation qu'il procure naturellement, le cycle ouvert limite les traitements. Un forage permet également de pomper à 200 m dans la nappe phréatique une eau dont la pureté permet d'alimenter l'écloserie et les bacs où les femelles finissent leur existence à l'eau claire avant d'être abattues pour le prélèvement de la rogue.

Revenons au moulin, c'est lui qui fait le lien entre l'histoire de la pisciculture en France et celle plus particulière de l'élevage de l'esturgeon sibérien, Ascipenser Baerii. Dès la première moitié du 19ème siècle, la pollution des cours d'eau et leur transformation poussent pêcheurs et scientifiques à mettre au point des techniques de reproduction, à des fins de repeuplement. A la Belle Époque, quelques moulins sont convertis de la meunerie à la reproduction des salmonidés. Mais c'est vers la fin de la période de croissance des "trente glorieuses" que ces reconversions se multiplient. La production de truite d'élevage connait alors un essor spectaculaire, parfois lié aux activités touristiques. Cet essor conduit aussi à une situation de surproduction; c'est dans ce contexte que nait l'aventure de Jacques Carré, pionner de la production de caviar, décédé en 2015.

Son entreprise, la « truite argentière », installée à Biganos, correspond au modèle classique de la reconversion du moulin meunier en pisciculture de salmonidés. En 1968, Jacques Carré rachète un moulin construit en 1802, poursuit l’activité de meunerie tout en préparant des bassins pour élever des truites. Quinze ans après le lancement de la salmoniculture, Jacques Carré se rapproche du du Machinisme Agricole et du Génie Rural des Eaux et Forêts (CEMAGREF) qui a utilisé l’ascipenser baerii comme modèle pour comprendre la reproduction de l’esturgeon local. Le CEMAGREF cherchait quant à lui à sécuriser le stock de sa trop petite station de recherche à Donzacq dans les Landes[1]. C’est avec d’autres partenaires privés et en Dordogne que le CEMAGREF va finalement réaliser l’écloserie, mais le Moulin de la Cassadote bénéficiait désormais d’un stock de Baerii suffisant pour lancer l’élevage, au départ prévu pour la production de chair d’esturgeon.


A suivre...

[1] Williot Patrick, « L’élevage de l’esturgeon sibérien Acipenser baerii Brandt en France », Cahiers Agricultures, 2009, n° 18, p. 189-94, p191

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