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Photo du rédacteurMarc Lohez

Le lait de chamelle (2) : les leçons de Janvry


A la mi-septembre, parmi les belles pierres de Janvry dans l’Essonne, un rassemblement extraordinaire a eu lieu : le salon international des dromadaires et des camelides.

Commençons par ce sympathique aperçu donné par BFM Paris Île-de-France , le plus fondamental est mis en avant à la fin par Christian Schoettl, maire de Janvry, initiateur et organisateur du salon. « Il faut sortir de la mentalité européenne l’idée que les dromadaires et les chameaux, c’est le cirque ou les zoos et passer à un côté agri-touristique ». Et ce que prouve ce salon, c’est que la France joue un rôle particulier dans cette évolution internationale.


La France des dromadaires a d’abord la chance de pouvoir compter sur un extraordinaire passeur de savoirs, Bernard Faye, capable de s’adresser à tous les publics. Dans son récent ouvrage, à la fois manuel et invitation à la découverte d’une véritable culture, il montre les enjeux et l’intérêt de l’extension de l’élevage camélin à l’Europe. Le chameau, ce champion de la nature adapté aux conditions extrêmes peut aussi rendre bien des services sous nos latitudes. Les grands camélidés sont des outils d'animation et de découverte. La promenade à dos de chameau est une diversification possible pour des centres équestres. Ce sont également des débroussailleuses d'une efficacité redoutable : leur long cou flexible est aussi doué pour la tonte que pour la taille : les orties, ronces et autres épines ne leur font pas peur. Ils peuvent donc contribuer à maintenir ouverts les paysages. Mais comme le suggère la déclaration du maire de Janvry , la grande affaire en cours des élevages de camélidés c’est l’exploitation véritablement agricole, avec d’abord la production de #lait.


Trois éleveurs ont initié une production de lait La Camélerie, Camelarzac et Dromazère . Ils ne pouvaient jusqu’à fort récemment que l’utiliser dans les cosmétiques.Mais à la fin du mois de juin, un premier agrément est arrivé pour la La Camélerie qui a pu commencer une commercialisation de lait de chamelle alimentaire. Très vite, plusieurs pistes de commercialisation s’ouvrent : il est possible de vendre du lait pasteurisé ou fermenté (kéfir) : Un circuit court à Feignies où se trouve l’élevage, une vente en ligne et un premier distributeur Kamelito.



Mais à ces opportunités s’ajoutent des défis. Trois enjeux s’ouvrent à la suite du début de la commercialisation du lait : celui du prix, celui de la création d’autres produits laitiers, celui du cheptel. La productivité des chamelles est bien plus faible que celle des vaches, les coûts de revient et les prix à la vente s’en ressentent : c’est vraiment un or blanc. Et les coûts de livraison d’un produit frais n’arrangent rien. Il faut donc faire comprendre aux consommateurs que l’on achète pas juste un lait mais un super-aliment aux qualités remarquables.




Deuxième enjeu, celui de la transformation. La fermentation est la plus traditionnelle car il s’agissait un mode de conservation. En revanche, pour les autres, les pionniers s’aventurent dans une terra incognita, tout juste explorée par les laboratoires. C’est en particulier le cas pour le fromage, le lait de chamelle coagulant fort mal (faible teneur en caséine). Si la recherche a résolu le problème de la coagulation, il n’y a pas de recette fromagère bien établie comme pour d’autres laits difficiles

.

La production actuelle en France se fait sous la forme d’un fromage à griller (type halloumi). Mais il faut 100l de lait pour obtenir 10kg de fromage. Et ce souci de rendement amène à évoquer le problème des limites capacités de production induites par le cheptel. Le potentiel de production en France ne repose que sur un effectif de 130 dromadaires qui ne sont évidemment pas tous des femelles adultes. Et sur ces femelles adultes, seule la moitié peut être à la traite du fait de la longueur de gestation (13 mois). Or, il n’ont tous qu’une origine : les Canaries. L’importation est en effet impossible en dehors de l’espace Schengen. Certes, cela donne de très beaux dromadaires à la robe Pie et aux yeux bleus. Mais ce n’est pas forcément favorable à la diversité génétique dans la perspective de la croissance d’un cheptel encore bien limité…Voici donc le petit monde des élevages de chameaux de l’hexagone au début d’un chemin d’exploration passionnant mais bien chargé de ronces que l’élevage pionnier doit débroussailler.



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