Il faut d'abord replacer les introductions récentes dans une très ancienne tradition d'acclimatation. Le pouvoir royal, depuis le 16ème siècle au moins, était soucieux de tenter de produire dans le royaume ce qui faisait la richesse de ses voisins. Catherine de Médicis créa le domaine d’Hyères pour, entre autres, y lancer la culture de canne à sucre. Plus tard, Marly, le château de Versailles et surtout le « Jardin du Roi » (actuel jardin des plantes) furent des lieux d’accueil et de recherches : c’est le botaniste Jussieu qui s’occupa d’étudier et de reproduire les plants de caféiers à la fin du règne de Louis XIV et au début de celui de Louis XV.
Les introductions sont également un outil pour aménager le territoire : la culture du riz en Camargue a été au départ un moyen de lutter contre le sel ; des espèces bovines particulièrement rustiques ont été importées pour entretenir des zones naturelles. La race Highland Cattle, originaire du nord de l’Ecosse, a ainsi été introduite dans l’estuaire de la Seine pour que le pâturage maintienne le paysage ouvert.
Parmi les logiques anciennes des arrivées d’espèces étrangères figure en bonne place la réponse aux faiblesses des ressources locales, surexploitées ou victimes de maladies : l’épizootie des années 1970 provoqua l’arrivée des huitres dites « japonaises » - en tout cas asiatiques. Peu après, l'esturgeon sibérien (Ascipenser baerii) était utilisé comme modèle pour la reproduction du sturio européen, menacé de disparition complète. Quelques péripéties plus tard, le caviar issu de l’élevage du baeri, prenait le relai d’un caviar de Gironde pêché, disparu faute de « donateurs ».
En France métropolitaine, les modes culinaires portées par la mondialisation ou venant des outre-mer, incitent à en produire sur place les ingrédients quand cela est possible. Ainsi, les adhérents des AMAP suggèrent à leurs producteurs de cultiver la patate douce. Des origines ou un long séjour à la Réunion développent une nostalgie des goûts suffisamment forte pour favoriser des aventures agricoles exotiques aussi intrépides que celle de la culture de la banane en Roussillon. Cela peut se croiser avec la recherche de qualité diététiques spécifiques comme dans le cas de la culture du Konjac, un tubercule très peu calorique qui permet de produire les nouilles shirataki. Du coté des productions animales, la recherche de qualité diététique et organoleptiques est également mise en avant, de la viande d'autruche oui de bison pauvre en graisse à celle particulièrement réputée et persillée de l'Angus ou du Wagyu en passant par les vertus du lait de chamelle.
A suivre...
Comments