ALOE VERA : LE BAUME OCCITAN CONTRE LE RECHAUFFEMENT
- Marc Lohez
- 3 juil. 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 juil. 2023

Espira de l’Agly. Dans cette commune de la plaine du Roussillon, le paysage est marqué par la viticulture. Mais une parcelle attire le regard parmi les vignes : des rangs avec des grandes feuilles lancéolées marquent la présence d’une petite plantation d’Aloe Vera. La rencontre de Thomas Montès avec cette plante fut d’abord liée à son travail sur les plages : le gel était apprécié de ses collègues pour ses vertus apaisantes contre les coups de soleils. Or, l’Aloe Vera était déjà présent dans les environs… pour la décoration des ronds-points. Puisque la plante paraissait apprécier le climat local, pourquoi ne pas la cultiver sur place ? Thomas plante alors à toute petite échelle sur trois sites de test : Saint-Hyppolite, Vingrau, et Espira. C’est sur ce dernier que la plante semble le mieux se plaire ; le jeune producteur va donc y installer son exploitation.
Ci-dessus : la récolte des feuilles : une incision à la base, puis on la fait pivoter (le tire-bouchon n'est pas l'outil habituel !). Replantation d'aloe. Les plans de cette variété acquièrent rapidement une belle vigueur.
Si la chaleur estivale et les faibles précipitations du littoral occitan conviennent bien à l’Aloe, il faut en revanche surveiller les coups de froid et il faut surtout trouver la bonne technique pour transformer la pulpe abondante des feuilles. Thomas a dû élaborer sa propre recette en surmontant notamment le problème de l’oxydation du gel. Cultivé et transformé sur place l’Aloe Vera de la plaine du Roussillon est également commercialisé localement dans les salons de beauté, de coiffure et bientôt les pharmacies des communes environnantes.
L’aventure individuelle de la production d’Espira a rapidement rencontré la démarche collective du lancement d’une filière. Comme d’autres productions nouvelles le développement de l’Aloe Vera correspond à un double objectif : on veut bien sûr substituer une production locale aux importations. Si la France fabrique du gel, c’est pour l’essentiel à partir d’Aloe Vera déshydraté acheté à l’étranger.
Mais il s’agit également de répondre aux difficultés de la filière viticole dans un contexte de pression climatique croissante. Initiée dans l’Aude par le viticulteur Laurent Maynadier, cette piste de diversification est désormais soutenue par les deux chambres d’agriculture des Pyrénées-Orientales et de l’Aude ; elle s’incarne dans une association de producteurs, Aloe d’Occ, qui mutualise les expériences. Membre de l’association, Thomas Montès participe désormais au développement de la filière, notamment en aidant des viticulteurs à compléter leurs vignes avec des ilots d’Aloe Vera. Quant à sa propre production, il prévoit de la diversifier avec des gels parfumés et une boisson à base de jus lui aussi extrait des feuilles : de quoi se rafraichir sous le soleil du Roussillon avec une production locale.
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